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Les grandes oreilles en Corrèze, jour 4
Réveillés tôt par le soleil qui chauffe déjà, nous démontons le camp sans attendre, pas de rosée sur la toile de tente.
A son arrivée, l'employé nous propose de visiter le moulin , ce que nous acceptons avec grand plaisir et curiosité. Sous le hangar, nous avions déjà aperçu l'énorme appareil qui lave les noix et les sépare du reste de leur bogue. Nous entrons maintenant dans la partie de préparation des noix, avec d'autres machines modernes.
La première machine dans laquelle vont passer les noix opère un calibrage, qui permet à chaque noix de tomber dans un petit étau à sa taille pour briser la coquille sans l'écraser.Une souffleuse expulse les petits morceaux de coquilles plus légers vers l'extérieur tandis que les cerneaux tombent sur un tapis roulant pour un dernier tri manuel avant pressage. Nous effectuons ce dernier tri sur le petit tas de noix que l'on a mis pour la démonstration et que l'employé nous offre avec plaisir pour nous nourrir pendant la randonnée.
Travaillant sous AOP, le moulin cultive deux variétés de noix, la Franquette et la Marbot que l'on apprend à distinguer sous les conseils de notre guide.
Quittant cet atelier, nous passons dans la salle de pressage, ancienne grange à cochons reconvertie en une grande pièce conviviale qui sent bon la noix.
Ici, c'est le domaine de la presse, deux grosses meules occupent l'espace.Ce sont elles qui vont broyer les cerneaux disposés en couche fine sur la pierre. Cette poudre sera ensuite chauffée à 90°ou 110° C (pour une saveur plus fumée ), jamais plus pour ne pas dénaturer la noix.
Placée ensuite dans un linge et mise sous presse,l'huile de noix coule enfin.Il faudra 10 kg de noix, soit 5 kg de cerneaux pour obtenir 2,5 litres d'huile. Quelques semaines de décantation permettent la vente d'une huile claire. La matière qui reste dans le linge en fin de pressage s'appelle le tourtin, il donnera lui aussi après tamisage, une farine riche et parfumée.
La visite se termine par le moment de la dégustation. Nous goûtons les trois huiles fabriquées ici: l'huile de noix Marbot, l'huile de noix Marbot/Franquette mélangée et l'huile de noix fumée. Il y a aussi des produits dérivés comme de belles tablettes de chocolat....mais en rando, ce n'est pas envisageable. Nous repartirons donc juste avec un mini bidon d'huile de noix, incassable et bien serti.
Laissant l'employé retourner au nettoyage des noyeraies, nous reprenons notre itinéraire, arrêtés quelques centaines de mètres plus loin par un jeune âne parqué sur un commun. Après le traditionnel bisou museau, ce dernier ne veut pas s'arrêter là et le voilà qui passe sous le fil et nous suit. Le hameau est désert, nous appelons, frappons aux portes et trouvons enfin un voisin pour tenter de remettre le fugueur dans son parc.Peine perdue, il repasse immédiatement sous le fil malgré le courant. La seule solution sera de le garder à l'attache après avoir trouvé une corde , le temps que nous soyons assez éloignés. Merci le voisin de nous avoir donné un coup de main!
Nous allons redescendre du plateau vers le petit village de Noailhac par une sente monotrace escarpée et glissante entre deux clôtures de barbelés, un très joli sentier qui nous demande beaucoup d'attention pour ne pas accrocher les bâts. Et comme chaque fois, dans les moments délicats, on ne pense pas à faire des photos !
Un petit tunnel nous permet de traverser la voie à grande circulation pour atteindre Noailhac où nous ferons une pause près de l'église avant la visite rapide de la maison de la Pierre (en accès libre et gratuit) où il y a tant de choses à voir et à comprendre sur la faille géologique grès /calcaire de l'endroit.Mais il fait déjà chaud dehors et il nous faut avancer .....
Les petits sentiers parcourus sont vraiment agréables, très souvent ombragés, larges et herbeux ou étroits et caillouteux. Nous n'avons pas beaucoup avancé, souvent interpellés par des curieux ,des personnes avec des étoiles dans les yeux ou des personnes qui ont envie de tenter aussi l'aventure de la marche, comme un recueillement, une experience de vie ou un rite de passage.
C'est encore au milieu du chemin, à une intersection et à l'ombre des haies que nous ferons la pause de midi. Les ânesses paissent un peu en liberté avant de se rapprocher de nous pour une petite sieste.
La faille géologique découverte à la maison de la Pierre prend ici tout son sens. Nous changeons radicalement de paysage, laissant les sols calcaires et leurs plantations de noyers pour entrer dans le domaine de la terre rouge, avec ses fougères et ses bois de chataigniers.
Nous grimpons, nous grimpons, le soleil ne nous laissant aucune accalmie, jusqu'à atteindre le Puy de la Ramière. Nous faisons là quelques centaines de mètres en antenne dans le sous-bois pour decouvrir un dolmen et faire la pause goûter.
Il nous faut ensuite grimper encore, sortir des bois et atteindre les plateaux où paissent des troupeaux de vaches, nous rappelant les estives cantaliennes sur quelques centaines de mètres. Nous croisons un randonneur un peu perdu, avec une forte envie de discuter... mais nous sommes fatigués, nous cherchons de l'eau pour les ânesses et un tipi pour ce soir....
Au hameau en dessus, enfin atteint, nous partons à la recherche d'eau, quémandée à une maison neuve et méfiante.... c'est cependant ici, entre les quelques maisons anciennes de ce petit hameau d'Orgnac, que nous poserons la tente. La place du couderc est diminuée de moitié par les fouilles archéologiques sur un souterrain, mais il reste suffisamment de place et un bon banc pour passer une bonne soirée et faire un parc aux grandes oreilles. Le voisin vient même nous offrir quelques courgettes, pas faciles à cuisiner et les chéries n'en sont pas trop friandes non plus, mais l'intention est là et l'accueil chaleureux, nous incitant à ne pas hésiter si nous avons besoin de quelque chose.
Un petit vent doux s'est levé, rafraîchissant l'atmosphère , avec la promesse d'une bonne nuit de repos.
Tags : Randonnée, âne, Corrèze, midi, correzien, Noailhac, huile, noix, faille, géologique, grès, calcaire
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Commentaires
3JeanineVendredi 5 Août 2022 à 08:26Bonjour Merci pour cette belle balade et les explications qui nous fait voyager Bon week-end bises C'est magnifique,L'huile de noix une alternative à l'huile de tournesols, belle randonnée au frais sous les arbres, et ce petit âne St André qui voulait vous suivre dans votre pérégrination....
Bises, bonne continuation !
Quelle belle aventure où vous nous entraînez à la découverte des petits chemins que nous n'avons pas l'habitude d'emprunter.
Votre passage doit susciter la curiosité c'est sûr et vous devez faire d'agréables rencontres.
C'est une découverte autre de cette région
Bisous et bonne route
Merci bien Béa pour cette visite guidée très intéressante sur la fabrication de l'huile de noix.. Merci également d'avoir narré cette péripétie survenue avec le 3ème âne qui nous fait sourire et pour les belles photos qui nous permettent de nous évader ... Bisous. Bonne après-midi.
Magnifique ! Charmante rencontre avec u jeune têtu qui aurait bien fait la balade avec vous... de très belles photos ! Merci Béa. Bises et belle journée
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merci pour cette ballade qui comme toujours est magnifique,tu nous fait rêver et voyager sans quitter le canapé,merci,du partage et papouilles aux chéries